“ Tant que les minerais sortiront bruts et illégalement, la paix restera fragile. ” Le message du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé, médiateur de l’Union africaine pour la région des Grands Lacs, a résonné avec gravité lors de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, organisée à Paris sous le co-patronage du Togo et de la France.
Aux côtés des présidents Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi, le dirigeant togolais a dressé un constat sans détour : l’exploitation anarchique des ressources naturelles dans l’Est de la République démocratique du Congo continue d’alimenter les conflits armés et d’aggraver la pauvreté des populations locales.
Une économie de guerre bien installée
“ Nous ne pouvons pas ignorer que la crise humanitaire est en grande partie la conséquence d’une économie dévoyée ”, a déclaré Faure Gnassingbé, soulignant que le commerce illicite des minerais et la contrebande constituent le nerf de la guerre pour de nombreux groupes armés.
“ Tant que ces ressources financeront les milices, la souffrance des populations continuera. La paix dans l’est de la RDC ne dépend pas seulement des armes, mais de notre capacité à transformer cette économie de guerre en économie légale et productive ”, a-t-il martelé.
Le chef de l’État togolais a plaidé pour une traçabilité rigoureuse des ressources, l’intégration des communautés locales dans les circuits économiques officiels et la promotion de la transformation sur place comme leviers d’une stabilité durable.
“Transformer la compassion en solution”
En tant que médiateur de l’Union africaine dans la crise entre Kinshasa et Kigali, Faure Gnassingbé a appelé à un changement profond d’approche. Selon lui, il ne s’agit plus seulement d’assister les victimes, mais de s’attaquer aux racines économiques du conflit.
“ C’est en rétablissant une économie transparente et légitime que nous couperons les flux financiers de la violence. La paix dans les Grands Lacs ne doit pas être une pause dans le combat, mais une transformation du modèle extractif. Il faut faire de la solidarité un levier d’autonomie et de l’aide un instrument de souveraineté ”, a-t-il insisté.
Le président togolais a par ailleurs estimé que la crise humanitaire qui frappe l’Est congolais constitue « un test moral pour le monde et un test pour l’Afrique », appelant à une solidarité « efficace, africaine et durable », liant la paix à la prospérité et la dignité à la responsabilité.
Une conférence pour mobiliser la communauté internationale
La conférence de Paris visait à mobiliser la communauté internationale face à l’urgence humanitaire dans l’Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs. Elle a également réaffirmé le soutien au processus de médiation conduit par l’Union africaine, les États-Unis et le Qatar.
Les discussions ont porté notamment sur le renforcement de l’intégration économique régionale, considérée comme un pilier essentiel pour une paix durable. Pour les organisateurs, la stabilité de la région passe par une meilleure gouvernance des ressources naturelles et une coopération économique renforcée entre les pays des Grands Lacs.
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