Ce lundi matin, le chef-lieu du secteur de Bapere à Manguredjipa dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu a connu une suspension inhabituelle de toutes les activités agricoles. Dès les premières heures, des jeunes armés de couteaux ont envahi les routes principales, érigeant des barrières pour bloquer l’accès aux champs. Leur objectif : empêcher les cultivateurs et les creuseurs de rejoindre leurs terrains de travail.
Ce geste est une réaction au drame survenu samedi dernier à Njiapanda, une localité située à environ vingt kilomètres à l’est de Manguredjipa. Lors de cet incident, plusieurs jeunes ont perdu la vie dans des altercations violentes, plongeant la communauté dans le deuil.
Pour manifester leur douleur et rendre hommage à leurs camarades disparus, ces jeunes se sont imposés une marche pied nu. Ils affirment que cette pratique, adoptée chaque lundi, est un signe de respect envers les traditions Nande. En interview, certains d’entre eux se sont qualifiés de patriotes, soulignant l’importance de préserver les coutumes locales en période de crise.
Cependant, cette initiative n’est pas accueillie positivement par tous. Kakule Kagheni Samuel, président de la société civile des forces vives du secteur de Bapere, a exprimé sa désapprobation. Il considère cette pratique comme une forme de tracasserie, préjudiciable aux activités économiques de la région. Samuel appelle les jeunes à la prudence, les exhortant à ne pas tomber dans le piège de l’ennemi en optant pour de telles ripostes.
Alors que les habitants de Manguredjipa s’efforcent de reprendre leurs activités quotidiennes, la communauté reste divisée sur la manière appropriée de gérer le deuil et la violence. Cette situation met en lumière les tensions persistantes et les défis auxquels sont confrontées les populations locales dans un contexte de conflits récurrents.
Gloire Tsongo depuis Beni