Se référant aux rapports officiels de la cour de comptes, l’Observatoire des dépenses publiques (ODEP) a dévoilé une note marquant la gestion de la ville de Kinshasa par le gouverneur honoraire Gentiny Ngobila Mbaka. Cette structure de la société civile dénonce la vigueur la gouvernance calamiteuse, illégale et prédatrice menée par le concerné dans la période comprise entre 2018 à 2023.
En ce qui concerne le grand marché communément appelé Zando dont les travaux de réhabilitation ont débuté depuis 2021, l’ODEP dévoile le contenu de ce marché qui met à nu plusieurs irrégularités et illégalité dans la passation de marché.
“ Le projet de reconstruction du Marché Central, censé incarner le renouveau économique de la capitale, s’est en réalité transformé en
opération de prédation à grande échelle, organisée sous le manteau du contrat de délégation de service public entre la Ville de Kinshasa. et la société SOGEMA Sarl. Ce contrat, signé en mars 2021, accorde à une société sans capital
propre, sans expérience avérée, et sans risque financier engagé, le contrôle total de l’un des plus grands pôles commerciaux d’Afrique centrale, pour une durée de 25 ans. « Ce contrat est léonin car SOGEMA en tire des avantages exorbitants sans engager aucun financement et sans courir aucun risque financier ”, peut-on lire dans le ce rapport.
L’ODEP alerte que ce contrat n’est pas un partenariat public-privé mais plutôt un transfert de souveraineté économique à une société écran proche du pouvoir
“ La Ville de Kinshasa est tenue pour responsable du non-remboursement des emprunts contractés par SOGEMA pendant la construction comme pendant l’exploitation du Marché Central ”.
Ajoutons à cela :
“ L’absence complète des organes de gouvernance et de contrôle prévus dans le contrat : ni Comité de suivi, ni Mission de contrôle des travaux n’ont été mis en place. Les réunions de chantier n’ont jamais eu lieu. Le coût final reste inconnu, les délais sont dépassés sans pénalité, et aucune nouvelle date d’achèvement n’a été fixée. « Ce n’est pas un partenariat public-privé. C’est un transfert de souveraineté économique à une société écran proche du pouvoir »,
Ce projet emblématique illustre le sommet de la gouvernance léonine : un contrat où la Ville assume tous les risques, toutes les dettes, toute l’imprévisibilité, pendant que SOGEMA engrange les recettes en toute opacité, sans audit indépendant, sans contrôle public, et sans obligation de résultat.
Sur ce même dossier, l’ODEP accuse l’assemblée provinciale de Kinshasa notamment l’ancien president Gode Mpoyi d’avoir été corrompu. Cette institution censée contrôler le gouverneur de la ville n’a pas pleinement joué son rôle.
“ La Cour des comptes a révélé qu’en mars 2022 et avril 2023, des paiements irréguliers et illégaux ont été effectués depuis les comptes de l’Hôtel de Ville à la RAWBANK, au profit du Président de l’Assemblée provinciale, Monsieur Godefroid MPOYI, pour un total de 215 470 117
CDF.
« Ce genre de pratiques non justifiées est de nature à menacer l’indépendance de l’Assemblée provinciale dans la réalisation de sa mission légale de contrôle de l’Exécutif provincial. »,
Ce versement constitue un cas flagrant de corruption institutionnalisée, dans lequel le pouvoir exécutif a volontairement
neutralisé le contrôle parlementaire en transformant le Président de l’’Assemblée en complice silencieux, rémunéré sur fonds publics ”, révèle l’ODEP qui formule quelques recommandations afin de faire la lumière sur ce dossier.
Il exige l’ouverture immédiate de poursuites judiciaires contre Gentiny NGOBILA MBAKA, pour détournement de deniers publics, corruption, et enrichissement illicite conformément au Code pénal congolais.
- L’ouverture d’une enquête judiciaire sur les paiements irréguliers effectués au bénéfice de Monsieur Godefroid MPOYI, ancien Président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, en vue d’établir sa responsabilité dans les faits présumés de corruption et de compromission du contrôle parlementaire révélés par la Cour des comptes.
- La publication intégrale de tous les contrats passés avec les sociétés SOGEMA et ALBAYRAK, y compris les annexes, avenants, preuves de livraison, rapports d’exécution, et tous documents justificatifs de décaissements.
- Le remboursement intégral des fonds détournés, en commençant par les sommes affectées au Marché Central, au FONER, aux emprunts bancaires, et aux lignes opaques comme les « frais secrets de recherche ».
- La suspension sans délai du paiement de toutes les dettes illégitimement gagées sur les recettes de la Ville de Kinshasa, en attendant un audit de légalité.
- La mise en place d’un audit citoyen indépendant, impliquant la société civile, les experts financiers et les organes de contrôle, pour reconstituer la chaîne des responsabilités et recommander des poursuites.
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